Mercredi dernier et quelques minutes après l’élimination de l’Allemagne de la coupe du monde « Russie 2018 », le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel exprima une grande tristesse nationale. «Ce n’est pas notre Coupe du monde – que c’est triste !», a réagi Steffen Seibert dans un Tweet peu après le coup de sifflet final du match contre la Corée du Sud, victorieuse 2 à 0 contre les Allemands, tenants du titre. Elle parlait de tristesse nationale.
On était loin d’imaginer que 24 heures plus tard, l’Afrique ferait face, elle aussi, à une fâcheuse situation qui pourrait lui infliger quelque chose de plus fort que la tristesse : amertume et regrets. Comme un match de football, en impose dès fois aux hommes, aux clubs, aux équipes nationales et même à tout un continent. Ici, il s’agit de l’Afrique flouée, trompée et à laquelle on a presque tout pris en Russie. Et donc, une Afrique désabusée. Une Afrique pleine d’amertume. Mais aussi de regrets…
Ceux qui chantaient l’avènement de l’assistance vidéo, on le sait, avaient déchanté déjà au début de la compétition. Ils durent déchanter davantage après avoir assisté aux injustices faites au Maroc, au Nigéria, au Sénégal… La plupart des désappointés, bien entendus, viennent de la Tunisie, du Maroc, de l’Egypte, du Nigéria, du Sénégal, bref de toute l’Afrique. Surtout, avec ce pénalty accordé à vitesse réelle aux Lions de la Terrenga par un certain arbitre, puis refusé par ce même référé par la faute de…l’assistance vidéo, « un outil souvent injuste avec les sélections africaines dans ce Mondial 2018 », dixit Camille Belsoeur du site jeuneafrique.com.
Ce que notre confrère n’a peut-être pas voulu dire est que lors du premier tour de cette coupe du monde, chaque arbitre a choisi sa propre façon de voir et de juger les contacts litigieux. Que ce soient des fautes de main ou des agressions physiques, les décisions des arbitres semblent avoir été prises selon là d’où vient l’auteur. Et pour la plupart, elles ont contribué, ces décisions, à sevrer les représentants africains.
Ce constat est grandement incontestable. Et les exemples sont là, foisonnant. Allez revoir la faute de main de l’Argentin Rojo dans sa surface de réparation à 13 minutes de la fin du temps réglementaire du duel Nigéria-Argentine ! Allez voir les images et vous m’en direz des nouvelles. L’arbitre a beau courir pour regarder, il est retourné sur la pelouse sans aucune autre information. Dire qu’avant ça, il y avait une faute de main commise par un autre Argentin en pleine surface de réparation ! Autre cas, le premier but portugais face au Maroc bien validé alors qu’une faute était préalablement faite sur un défenseur…africain. Dans une toute autre rencontre, cette fois contre l’Espagne, le défenseur central de la Roja, Piqué, qui eut à commettre l’irréparable dans sa zone dangereuse, s’était surpris à voir l’arbitre réparer sa grave erreur. Avec autorité en plus !
Toutes ces choses symbolisent le chemin de croix imposé à la mère Afrique le peu de temps effectué en terre russe. D’où notre adhésion totale au confrère David Kelfa de RFI quand il soutient que « Si une équipe peut se plaindre d’un tirage cruel et d’un arbitrage désavantageux, c’est bien celle du Maroc. Des décisions polémiques face au Portugal (0-1) et à l’Espagne (2-2) ont plombé le bilan des « Lions de l’Atlas » ». Que dire du Sénégal sur lequel se reposait le reliquat des espoirs de tout un continent ?
Au fur et à mesure du premier tour, nous avons assisté à la déclinaison des Sénégalais. Une victoire sur la Pologne (2-1), un résultat nul devant le Japon (2-2), il ne restait qu’une défaite contre la Colombie pour respecter leur drôle de logique. Et puis voilà ! La défaite tant refoulée, a fini par se faire consommée. Et comme on le dit, ce qui est fait. Longtemps, cependant, l’on évoquera ce pénalty non accordé aux Lions autour de la 20e mn, et qui pourrait changer l’histoire. Malheureusement la réalité vécue aujourd’hui, demeurera demain : le Maroc battu dans l’attribution du Mondial 2026, le Sénégal renvoyé pour deux cartons jaunes pris plus que le Japon, bref, « toutes les équipes africaines éliminées dès le premier tour de la Coupe du monde 2018, une moyenne de points pris historiquement faible… Cette édition en Russie est un échec pour le football africain et l’arbitrage n’explique pas tout ».
Cette autre réalité telle que dessinée sur ces dernières lignes par David Kelfa en appelle une autre. Et cette autre interpelle le monde du football africain. Parce qu’au fond de nous, africains, nous devons être conscients que beaucoup d’autres raisons ont contribué aux débâcles du Maroc, de la Tunisie, du Nigéria, de l’Egypte et du Sénégal. Les 5 représentants du continent ont commis des erreurs qui les ont renvoyés à 40 années en arrière. En 1978 par exemple où un pays africain au mondial n’avait de rôle à jouer que celui de faire-valoir… Entre autres erreurs commise par l’Afrique, un manque chronique de concentration. Sinon, comment expliquer tous ces buts encaissés en fin de match ?
Les Pharaons ont cédé à la 89e minute face à l’Uruguay, la Tunisie à la 91e face aux Anglais, le Maroc à la 91e contre la grande Espagne et le Nigeria, de la manière la plus cruelle, a lâché son ticket pour le second tour à la 86e mn. Quant au Sénégal, il s’est amusé à faire à la Colombie, une leçon de jeu, une démonstration de football en première mi-temps avant de lui offrir les armes pour l’abattre à un quart d’heure de la fin du temps réglementaire. Admettons donc, à certains endroits, que si l’aventure de l’Afrique au Mondial 2018 se termine avec amertume et regrets pour tout le continent, c’est aussi la faute à ses propres ambassadeurs.
Pour vos reportages, annonces et publicité, contacter notre service commercial
Tél : (00228) 90 13 26 33 / 99 52 32 06